Chapitre 2: Le tintement du moulin résonne dans la cour. Un bâtiment blanc au toit pointu fait face à une maison du XIXe siècle. La nuit tombe et Stéphane travaille encore. Ses sourcils expressifs blanchis par la farine viennent réveiller ses yeux bruns. « Avant, ici, il y avait des cochons » explique le jeune meunier installé depuis six ans. À la place, deux meules de pierre extraient maintenant une poudre blanche et douce.
À quelques kilomètres, Stéphanie, les mains dans le pétrin, répète des gestes encore hésitants. Ses yeux rieurs égayent le sillon sombre de ses cernes et quelques cheveux noirs s’échappent de son bandana à pois blancs. Elle malaxe, pétrit, arrondit et aplatit la pâte élastique. La jeune femme soulève un peu maladroitement la lourde pelle en bois et entrouvre le four. Une délicieuse odeur s’en échappe. La répétition générale se déroule chaque soir dans les cuisines de l’échoppe tout juste rachetée. Dans une semaine, Stéphanie sera boulangère. Elle a quitté sa blouse blanche et ses crocs d’aide-soignante pour revêtir un nouveau tablier. Elle préfère désormais prendre soin des hommes au tout début de la chaîne, en leur offrant un pain quotidien sain, bio et local, et agir ainsi sur le premier maillon de la santé, la nutrition. Prévenir plutôt que guérir, telle est sa devise. Sans oublier son autre ambition : valoriser le travail aux champs et transformer la farine de son mari.
À l’étage, Stelia, Steve et Stérenne chahutent. Cette belle équipe, dont les membres sont âgés respectivement de onze, huit et quatre ans, s’impatiente…
Chapitre Deux. Le Meunier de Saint They – Chez Stéphane et Stéphanie – Finistère